LE PENDU

Ecrit le 4 octobre 1984, mis en musique en 05 mai 2012

Hommage à François Villon pour sa « Ballade des pendus »

https://youtu.be/3NgeznGZK_0

 

Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis…

 

Sur la plus grosse branche

D’un chêne vieux de cent années

Au bout d’une corde nouée

Le corps d’un homme se balançait.

Les bras le long de ses hanches

Comme un pantin désarticulé

Le vent jouait dans ses cheveux

Et le faisait se balancer

Et malgré l’ombrage des feuilles

Le soleil lui brûlait la peau

Les corbeaux noirs portaient le deuil

Sur le plumage de leurs dos.

 

Refrain :

Que fais-tu là, toi le pendu ?

Quel crime avais-tu dont commit ?

Dans quel quartier, dans quelle rue

Avais-tu dont passé ta vie ?

 

Ses yeux crevés fixaient le sol

Son ombre, en bas, le regardait.

Posé au creux de son épaule

Un vieux corbeau le reniflait.

A travers sa chemise percée

On lisait sur sa peau usée

Le mot bleu de la liberté

Qu’il s’était fait tatouer.

Avec l’usure du temps passé

La corde ne résista pas

Et sur son ombre qui l’attendait

Sans résistance, le corps tomba.

 

Refrain

 

Au pied du chêne centenaire

Le corps du pendu était là

Le nez mordant dans la poussière

Les poings serrés, les bras en croix.

Et tous ces charmants volatiles,

De peur c’étaient tous envolés

Mais quand tout redevint tranquille

Redescendirent pour déjeuner.

Si un jour, tu passes par là

Où cet homme fut exécuté,

Tu verras dans la terre une croix

Tatouée du mot « liberté ».

 

Refrain

 

Quarante à l’ombre

Adaptation du texte de la chanson de John Fogerty

A hundred and ten in the shade. (Blue Moon Swamp)

Ré                                   lam

  1. On récoltait le coton, pauvres forçats de misère,

Ré                                      lam

Sous un soleil de plomb, du matin, creusant la terre.

Sol                                         sib

La seule eau qu’on buvait, la sueur de nos fronts.

Ré                             La                         Ré

Et pas un nuage au bout de l’horizon.

 

Refrain :              Plus de 40 à l’ombre

Sol                                 Ré

40 à l’ombre sous le chêne.

Pas une larme

La                              Ré

Ne changera notre vie.

 

  1. Le fardeau et les coups, la pioche usait nos mains.

La chaleur nous rendra fou, c’est ce que disaient les anciens.

La terre est si dure qu’on ne pouvait la trancher.

Le ciel, j’en suis sur, nous avait abandonné.

 

  1. Et quand venait le soir, sous le ciel étoilé,

Allongé dans le noir, mon esprit s’envolait.

J’avais tellement de peine, j’aurais voulu m’en aller

Mais, seule la mort aurait pu m’emporter.

Textes

  

Le vent de la révolution

(16 janvier 1989)

 

J’ai noirci le drapeau qui flottait sur vos tombes

Qui nous faisait danser et nous faisait de l’ombre

Vous qui vouliez marcher vers de nouveaux horizons

Aujourd’hui qu’ont-ils fait de votre révolution

Quelques mots gravés dans les livres d’histoire

Qu’on apprend aux enfants pour qu’ils gardent en mémoire

Le nom de Robespierre et celui de Danton

Les chiffres d’une date et d’une révolution.

 

Refrain :

Le vent m’apporte les mots que tu chantais

Et vient sécher les larmes de Marianne qui dansait

La joie d’un peuple libéré qui rêvait

D’une révolution toute a recommencer.

 

Citoyens d’un pays parlant d’égalité

Condamnant l’injustice de cette société

Dansant la carmagnole au son du canon

Sous le bonnet phrygien naissait la rébellion

Parlant d’un idéal et de fraternité

Qui ne sont plus que des mots au sens oublié

La Bastille est en flamme, il n’y a plus de prison

Mais aujourd’hui on condamne la révolution.

 

Si un jour par hasard vous reveniez ici

Pour voir vos enfants et s’ils ont bien grandit

Vous les trouverez heureux plein de résolution

A la place des rois avant la révolution

Mais pour les gagnes petits et les traînes misère

Les pauvres gueux de la rue que vous étiez naguère

Ecoutent chanter les vents à l’unisson

Le temps où ils étaient enfants de la révolution.

 

Paroles et musique : Phil LP ©Copyright

Voir la vidéo sur https://www.youtube.com/watch?v=OA6jp6uS1Ow

 

 

Michael Smith : assassiné le 17 août 1983 à Kingston en Jamaïque: il est battu et lapidé à mort devant le siège du JLP à l’âge de 28 ans, il avait interpellé la veille dans un meeting, un membre du gouvernement Seaga. Il représentait la Dub Poetry, poésie dite par l’auteur face à des auditoires dansant. Il avait fait un seul album produit par Linton Kwesi Johnson sur le label Island « mi-c-yaan believe it ».  Pour lui le rôle de l’artiste est d’être la conscience du politicien, lui rappeler à chaque instant qu’il est au service du peuple et non le contraire.

Chanson pour un poète (Ecrit et composé en 1983 par Phil L.P.)

 (Capo 2e case)

 

A coup de pierres, ils ont fait taire la vérité

Non pas pour sa couleur, mais pour ce qu’il disait

Sous le soleil d’août, encore ses cris résonnent

Michael Smith est mort, lapidé à Kingston.

 

Il dénonçait dans les poèmes qu’il écrivait

La misère des ghettos où il était né

Sur un air de reggae, sur un fond de musique

Il disait les pleurs versés sur la Jamaïque.

 

Dans chacun de tes vers, dans chacun de tes mots

Tu redonnais l’espoir dans la vie des ghettos

Ils ont voulu ta mort, je ne l’oublierai pas

Et dans le monde entier la vérité vaincra.

 

La Grande Ile des Antilles, la reine du reggae

A déjà perdu un défenseur d’opprimés

T’es parti toi aussi, qui va te remplacer

Pour donner à l’île, la façon de s’exprimer.

 

S’ils t’ont pris la vie, c’est donc que tu les gênais

Car tu disais l’égalité, la liberté

Sont-ils vraiment des hommes ceux qui t’ont supprimé

Ou bien juste des lâches fuyant la vérité.

 

La lutte n’est pas finie, le combat continu

Même si toi, Michael, à jamais tu t’es tu

Tes poèmes et tes vers sont là pour témoigner

Ils reprennent la lutte où tu l’avais laissée.

 

A coup de pierres, ils ont fait taire la vérité

Non pas pour sa couleur, mais pour ce qu’il disait

Sous le soleil d’août, encore ses cris résonnent

Michael Smith est mort, lapidé à Kingston.

 

Phil LP ©Copyright