Mannequins articulés en bois

Wooden articulated manikin

 

L’histoire du mannequin d’artiste

Depuis le XVe siècle, le mannequin est un outil d’atelier nécessaire aux artistes ne pouvant disposer de modèles vivants pour réaliser leurs œuvres et progresser dans l’étude des proportions anatomiques.

Toujours disponible, robuste et obéissant, le mannequin d’artiste prenait la pose qu’on lui avait donné sans rechigner, offrant à l’artiste, dessinateur, peintre ou sculpteur, la liberté et le temps d’en disposer à sa guise.

Qu’il soit en bois, en cire, en argile ou en tissus munie d’une armature métallique, de petite taille ou à taille humaine, le mannequin d’artiste à eu son heure de gloire à différentes époques de l’histoire. L’usage en était recommandé dans les écoles d’art pour enseigner aux élèves à dessiner les proportions et le drapé car il était possible d’habiller les mannequins.  Le mannequin articulé était aussi présent dans les ateliers des plus grands maitres, de Michel-Ange à Cézanne, qui utilisaient cet accessoire pour réaliser leur composition.

La plupart des mannequins articulés en bois du XVIe et XVIIe siècle étaient de fabrications allemande ou autrichienne. Ses poupées articulées étaient des sculptures miniatures d’une très grande finesse d’exécution. Les membres étaient reliés par des systèmes internes de crochets et de ficelles à des rotules tournées en bois qui permettaient de les faire bouger individuellement.

A la fin du XVIIIe siècle, Paris devient la capitale européenne du mannequin perfectionné. Munie d’une ossature interne de bois ou de métal, le mannequin d’artiste offrait une souplesse comparable à celle du corps humain et d’une finition externe imitant l’apparence des muscles et des traits du visage. Rembourrés de crin de cheval, de liège ou de fibre de coco, ces modèles coûtaient très cher car ils étaient uniques et demandaient souvent plus d’une année de travail.

Vers la fin du XIXe siècle, les innovations techniques rendirent possible la production en série. Aujourd’hui, les fabricants proposent des modèles, certes moins cher, mais de gamme réduite.

Il existe également des mannequins articulés en plastique de fabrication japonaise ou américaine plus destinés aux dessinateurs de mangas ou aux collectionneurs de figurines de super héros et puis les logiciels de modélisation 3D utilisés pour les jeux vidéos ou les films.

Mais quoi de plus beau qu’un beau mannequin articulé en bois qui trône sur votre étagère même s’il ne sert qu’à la décoration.

Pour plus information sur le mannequin d’artiste suivez ce lien :

https://www.bourdelle.paris.fr/fr/exposition/mannequin-dartiste-mannequin-fetiche

 

La naissance d’un mannequin articulé en bois

Je me suis assis, ce matin là, à ma table à dessin devant une feuille blanche. Ma main se saisie d’un crayon et esquisse quelques traits de constructions puis, dessine les grandes lignes et les courbes d’une silhouette féminine dans une position artistique que mon imagination m’avait soufflé à l’oreille, la veille avant que le sommeil ne vienne m’emporter dans ses bras réconfortant.

Mais, après plusieurs tentatives, l’inspiration me faisait faut bon et mon crayon commençait à faire mauvaise mine avec une envie de se tailler.

Je recherche alors dans les magasines de ma bibliothèque de documents puis sur le net, afin de trouver des photos qui pourraient m’aider à réaliser mon œuvre, mais en vain.

C’est alors que l’idée me vient de prendre le petit mannequin articulé en bois qui était posé sur une étagère. J’essai de le manipuler pour qu’il prenne la position voulu, mais ses membres ne s’articulaient pas correctement, contraints dans ses mouvements ou tout simplement collés, sans doute à cause d’une conception basic et bon marché.

Afin de remédier au problème, je me rends dans mon atelier et commence à démonter ce petit pantin de bois qui me résistait. A grand coup de ciseaux à bois, de gouges et de scie, je coupe et taille dans le bois, pour le rendre plus maniable. Au bout d’une heure ou deux, c’était beaucoup mieux mais pas assez parfait. Et puis une autre chose me gênait, ses proportions et ses formes pas très anatomiques. De plus, ce mannequin n’avait rien de féminin, ni de masculin non plus d’ailleurs. C’est alors que je me suis dit : « Il faut tout reprendre depuis le début ! Je vais créer mon propre mannequin articulé avec de belles proportions, des formes anatomiques, des articulations maniables et adaptées et un aspect plus humain. »

 

Je me suis donc plongé dans l’étude d’un mannequin en bois qui aurait la même taille que le pantin que j’avais sous les yeux ; 30 centimètres, et en gardant la même méthode d’articulation ; rotules, vis et ressorts. J’ai dessiné un corps de femme, de face et de profil, en respectant les proportions, puis j’ai esquissé le squelette avec ses points d’articulation. Après avoir étudié puis réalisé les plans de fabrication des différentes pièces que constitues ce mannequin, j’ai commencé la fabrication avec des chutes de bois que m’avait gracieusement donné un artisan menuisier du coin. Après plusieurs jours et de semaines de débit, de perçage, de sciage, de sculpture et de ponçage, le montage de mon mannequin était enfin terminé. Mais le résultat final ne me convenait pas. La manipulation de mon prototype était encore hasardeuse.  Les articulations coinçaient sans doute à cause des ressorts de mauvaises qualités et les pièces trop petites et trop fragiles.

 

Alors je me suis replongé une nouvelle fois dans mon étude pour réaliser un mannequin deux fois plus grand ; 60 centimètres, mais sans ressort, uniquement des pièces en bois. Après avoir passé plusieurs mois a réétudié les méthodes de conceptions afin d’améliorer mon nouveau prototype de repasser par toutes les étapes de fabrication, mon propre mannequin articulé en bois est né, je l’ai baptisé Kate. Plus gracieuse, plus fonctionnelle et plus réaliste.

Et puis, me prenant au jeu, il me fallait créer un modèle masculin pour tenir compagnie à Kate, c’est ainsi que Mike à vu le jour à son tour.

Un peu plus grand ; 65 centimètres, 2,3 kg, athlétique et musclé.

Bien sur, je n’ai pas atteins la perfection car le bois n’offre pas la souplesse comparable à celle du corps humain, mais je m’en suis approché.

 

Kate et Mike sont des prototypes et des œuvres uniques qui m’ont demandé beaucoup de temps et de travail.

youtu.be/9yhwz3BcU3g

Mannequins articulés en bois en peinture